Namasté

Namasté

Carnet de voyage en Patagonie

El Viento del culo del Mundo

 

Elle est si loin cette Terre de Feu qu'une escale s'impose au cours de ce long périple. L'été sud-américain nous accueille au petit matin à Buenos-Aires. Les fortes températures sous le ciel bleu nous saisissent dès nos premiers pas dans la capitale argentine. Le soleil a tôt fait de nous transformer en écrevisses, pas le moindre souffle d'air pour se rafraîchir. Rien de tel qu'une journée de marche dans les rues de la grande ville pour dégourdir les jambes des longues heures d'avion. Entre modernité et tradition, l'atmosphère de l'Amérique latine nous envahit. Le passage par le quartier de la Boca est inévitable; passé les trois ou quatre rues attrape-touristes, il reste les quais du port et leurs entrepôts de commerce avec la vieille Europe, les maisons coloniales. Nous nous recueillons un instant devant le temple d'une des principales religions argentine, le football et le stade de Boca Juniors. Plus loin en ville, une place me propose un peu d'ombre. Deux danseurs de tango, le vrai pas celui de la Boca, s'en donne à cœur joie. Ils tricotent avec les jambes des histoires qu'ils partagent avec un plaisir visible, quitte à hypnotiser le touriste que je suis. Ils me feraient presque oublier que j'ai rendez-vous avec le deuxième pilier de la culture argentine, la viande de bœuf grillée...... A table !!!

Viva las Parilladas … elles vont nous accompagner durant quinze jours d'Ushuaia, à el Calafate, jusqu'à un barbecue improvisé au camping d'El Chalten.

Deuxième jour, nous décollons pour Ushuaia. Par chance je suis placé à côté du hublot et c'est à couper le souffle. Les montagnes couvertes de forêt et de neige se jettent dans le canal de Beagle. Nous voilà au bout du monde. Les eaux des deux plus grands océans de la planète se rejoignent ici. Loin du fracas imaginé, elles sont calmes. Les cinquantièmes hurlants sont au repos. La cote est ciselée d'une multitude de baies, la ville est comme poussée dans le canal par les sommets. Chili, Argentine, la nuance est ténue, est-ce une question de suprématie politique qui a fait s'installer ici des colons.

Après une visite des îles puis du parc national de la terre de feu nous entamons notre remontée vers le nord en bus de ligne. Les immensités argentines défilent sous nos yeux, jusqu'à ce que le détroit de Magellan ne nous barre la route. Depuis les livres d'histoire de mon école, j'imaginais un passage étroit , flanqué de hautes falaises noires et hostiles, balayés par les vents qui dressent nos navires contre les rochers. Rien de tout cela, à cet endroit du moins. Notre bac traverse sans encombres, à peine quelques vagues et une brise marine permettent à quelques dauphins noirs et blancs de s'amuser dans notre sillage. Nous sommes au Chili mais rien ne change, la même atmosphère, les mêmes nandous nous regardent passer depuis la pampas, la même langue. Nous ne nous attarderons pas à Punta Arenas, une pension de famille nous attend à la nuit à Puerto Natales. Ce petit port de pêche est en fait un point de départ pour chaque touriste voulant aller voir de plus près les fameuses Cuernos de Torres del Paine. Le vent semble forcir, mais le soleil maintient le sourire sur les lèvres des membres du groupe. Notre guide nous promet qu'il sera dur de voir les tours, le vent y accrochant les nuages. Nous passons trois jours dans le parc, trois jours sous le soleil et … un petit vent froid qui descend des glaciers. Il est bien présent et nous refroidit à chaque pause. La nuit il a la bonne idée de sécher instantanément les quelques gouttes de pluie que lâchent les nuages.

Alors, pourquoi notre guide continue-t-il à nous dire que nous ne connaîtrons vraiment la Patagonie que lorsque nous aurons connue le vent du bout du monde ? Pour nous c'était déjà fait !

Une nouvelle journée de bus au milieu des immenses territoires, ponctués çà et là de quelques rares estancias, nous arrivons à El Chalten. Ce village n'existe que par et pour la montagne qui le domine, le Fitz Roy. Nous le voyons dès le premier soir sur un poster de la salle de restaurant. Ce sera la seule fois que nous verrons ce sommet. Notre guide s'empresse de nous expliquer que les indiens le prenait pour un volcan fumant, pris qu'il est en permanence dans les nuages. Le temps est gris pour notre premier matin dans ce massif, mais le soleil nous rejoint vite, sans pour autant dévoiler le Fitz, ne rêvons pas !!! Nous pique-niquons au bord d'un lac glaciaire au grand étonnement d'el Indio, notre guide local. C'est la première fois de la saison qu'il peut accéder au bord du lac. ????? Qu'ont-ils donc ces guides ? Jouent-ils à entretenir la légende du grand Sud. Il fait beau et nous en profitons. Bon d'accord un léger coup de vent se lève soudain. Descendant du glacier tout proche, il soulève des gouttes d'eau de la surface du lac nous obligeant à lever le camp et battre en retraite. Nous redescendons. Le lendemain est franchement gris , humide même, dès le sortir des tentes. Les ponchos seront à la fête aujourd'hui. Nous entrons dans la forêt et tout va bien les ponchos sont dans les sacs, la forêt est dense. Ce qui est inquiétant de sont les gouttes de pluies qui remontent la pente au-dessus du torrent, à la verticale. Par quel mystérieux phénomène? Il me semble que le sourire de notre guide a changé. Il n'est plus narquois, plutôt satisfait, quoique déçu par la pluie. L'abri d'une cabane sera le bien venu pour manger au sec. Enfin façon d'écrire, nous sommes trempés, la pluie, à l'horizontale, çà mouille sacrément. Mais ce pays est sympathique, alors que chacun se demande comment faire pour sécher les affaires une fois de retour au camping et pendant la nuit à venir.... la pluie s'arrête … et le vent redouble … décuple serait plus juste. Miracle en moins d'une demi-heure nous sommes secs. Par contre il faut marcher penchés en avant, le nez étant largement en avance sur les pieds, histoire d'arriver à faire deux pas en avant pendant que le vent nous en fait faire un autre en arrière. C'est le moment que choisit notre guide pour exulter : « Maintenant vous connaissez vraiment la Patagonie » notre dernière randonnée, le lendemain nous mènera à la neige fraîchement tombés de la nuit, et le brouillard nous cachera encore le Fitz Roy. Peu importe, elle est belle cette montagne avec sa part d'imaginaire.

Elle est accueillante cette Terre du Bout du Monde. Elle nous offre une dernière journée de soleil pour profiter du Périto Moréno … sous une légère brise. Nous sommes là, assis devant le glacier, au soleil, à déguster le Maté (encore une institution). Il passe de main, en main, préparé par notre guide, ravi de nous avoir promenés dans ces terres lointaines, que nous ayons connu la Patagonie …. et ses Vents.

 

Des photos de ce voyage : ici



09/08/2010
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