Namasté

Namasté

Carnet de voyage dans l'Atlas marocain

La Mule D'Azziz


Ce carnet a été réalisé à partir d'un trek de deux semaines en mai 2007 en direction du M'Goun, deuxième sommet de l'Atlas après le Toubkal. Malheureusement il n'est pas permis d'espèrer gravir ce sommet avant fin juin. La Neige est là, bien présente sur cette terre d'Afrique du nord que l'on imagine minérale et chauffée par le soleil de ce sud enjôleur dont nous rêvons souvent. Cette neige couvre l'arête sommitale la transformant en une patinoire bien trop dangereuse pour que notre guide ne prenne le risque de satisfaire nos attentes de 4000.

Un courte escale, au soir du premier jour à Marrakech, nous fait goûter aux ambiances nocturnes de la place Djeema el Fna. Elle nous promet  réconfort gastronomique à notre retour des montagnes berbères. Le lendemain nous verra traverser rapidement en bus les plantations d'oliviers et d'orangers en direction de Demnate et de nos deux premières heures de marches. Un premier contact avec les villages berbères perchés au-dessus des vallées taillées par les oueds dans ces collines aux mille couleurs. Premier contact aussi avec le vent qui descend des hauts djebels environnants.

Le printemps est bien installé en ces vallées qui s'enchevêtrent et que nous allons remonter . Les cols qui nous permettent de passer de l'une à l'autre, nous offrent à chaque fois un décor différent. Les nuances de roses, rouges et oranges des pentes minérales nous accompagnent tout au long de cette boucle autour du Djebel Rat.  La première surprise est végétale. Ces montagnes du pays berbères sont décidément bien vertes. Des villages, plutôt des hameaux de quelques maisons, sont disséminés de toutes parts. Leurs habitants façonnent le paysage, irriguent, profitent de la manne providentielle des eaux des oueds pour cultiver les céréales et entretenir des plantations de noyers, pommiers et amandiers.

En ce début mai, le soleil fait son oeuvre sur les plus hauts sommets et la fonte des neiges de l'hiver vient gonfler les oueds. Leurs crues vont mettre à contribution la ruse de notre guide Thami pour trouver le bon sentier, le gué le plus pratique et jouer avec l'oued qui veut nous faire mouiller les pieds avant d'arriver à l'étape du soir.

C'est dans l'après-midi du quatrième jour que l'oued de la Tessaout va gagner la partie. Alors que nous le surplombant, voilà que Thami se met à rebrousser chemin, en courant. Mais quelle mouche pique donc notre guide ? Après une rapide interrogation, nous nous rendons compte qu'en bas dans le lit de l'oued une de nos mules est en train de "boire la tasse". Il n'en faut pas plus pour qu'avec JC nous emboîtions le pas de notre guide pour nous jeter à l'eau à sa suite et aider notre pauvre amie à quatre pattes à  se décharger de son fardeau et retrouver le sol ferme de la berge.

Ce sera la seule victoire des oueds, les jours suivants nous mettrons à contribution les pierres des berges pour faire des passages à pieds secs. Reste la toilette du soir à condition de trouver un cours d'eau claire pour remettre en état les marcheurs poussiéreux, mieux vaut être propres que crasseux pour éliminer la fatigue même si l'eau des montagnes de l'Atlas est quelque peu ........ rafraîchissante !!! Mais encore plus que la sensation de propreté, le réconfort vient des tajines de légumes de Mohammed qui sont à  se damner tout autant que ses couscous, le soir, dans la grande tente repas. Comment ne pas évoquer également les salades de midi ou les oranges à la cannelle, le thé à la menthe. Et oui, rien de tel qu'un trek de printemps pour chasser bien vite ces "petits" kilos qui se sont insidieusement invités pendant l'hiver. Et tant pis si à notre retour à Marrakech notre premier acte de citadins est d'aller dévaliser la pâtisserie Mic Mac non loin de la grande poste, place Djeem el Fna, le tout arrosé de jus de pamplemousse ou d'orange fraîchement pressés sous nos yeux émerveillés. Tout n'est que sensations à Marrakech; comme si les couleurs des montagnes berbères nous avaient suivis dans la cité pour ressortir dans les boutiques d'épices, de tapis du souk. Mais ce sont aussi les odeurs de grillades,ou les musiques qui font frétiller les pieds des marcheurs pour les transformer, s'ils osaient, en danseurs.

 Voilà ce que je vais ramener avec moi en France, ses sensations, ses couleurs, çà et la rencontre d'un vieil homme en haut d'une montagne, gardien de gravures rupestres, Monsieur Omar est grand par la taille et par l'âme, c'est le coeur gros que je l'ai laissé sur ce col, un peu triste de n'avoir pu vraiment partagé plus de choses.

Une amertume tout de même, pour cette folie immobilière qui pousse nombre d'européens à investir au Maroc parce que la vie y est moins chère qu'en France et qu'accessoirement le soleil y est plus fréquent. Mais que vont faire de ce magnifique pays ces touristes qui ne savent (ou ne veulent ??) pas appréhender les marocains et leur culture ?

 


Des photos de ce voyage : ici




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