Namasté

Namasté

Carnet de voyage en Cordilière des Andes

Sur la piste des alpagas



Lima nous accueille dans la grisaille d'une fin de journée d'hiver où les nuages bas impriment leurs couleurs à un océan Pacifique dont les vagues jouent avec les surfeurs. Est-ce pour combattre ce temps maussade qu'un petit amphithéatre accueille une sono et une multitude de danseurs de tous âges sur des rythmes sud-américains qui réveillent nos orteils engourdis par les heures d'avion.

La deuxième journée commence comme la veille par un aéroport et un vol intérieur, cette fois, pour deux sauts de puce. Le premier nous mène à Aréquipa juste le temps d'admirer depuis le ciel un paysage minéral où deux stratovolcans saupoudrés de neige les Misti et Chachani semblent surveiller la ville.Deuxième décollage de la journée pour Juliaca où le bus pour Puno nous attend avec notre guide qui va nous faire découvrir nos premières constructions incas à Sillustani, des tombes, abordées au soleil couchant. L'atmosphère est au recueillement et à l'imagination des cultes aux astres du jour ou de la nuit. Reste le vent froid en cette saison qui nous fait monter une envie forte de bonnet péruvien pour réchauffer nos crânes frileux d'européens.

Ce premier soir au rythme du pays sera notre première rencontre avec l'alpaga, sous forme de steack dans un restaurant de Puno. Là va commencer notre acclimatation à l'altitude en flanant deux jours sur le lac Titicaca en goûtant à la douceur de vivre des îles Amantani et Taquile, ainsi qu'à l'hospitalité de leurs habitants. Une belle organisation locale permet de diluer le flot de touristes sur les deux îles afin de ne pas se monter dessus et de permettre à chaque communauté de vivre également.

Cinquième jour c'est le départ vers Ollachea, 8 heures de bus nous attendent, à mi-chemin nous allons quitter la route goudronnée au point de rencontre avec quelques-uns de nos muletiers et notre bienfaitrice Pilar, la cuisinière du groupe. Elle va nous concocter de bon petits plats tout au long du trek, un régal sans cesse renouvelé aussi bien à midi que le soir, partagé entre réconfort et gourmandise. La piste s'étire devant notre bus : Altiplano, col saupoudré de neige, sommets de Carabaya, jusqu'à des gorges vertigineuses qui nous amènent en fin de journée sur le village d'Ollochea où nous attend une piscine à ciel ouvert alimentée en eau chaude naturelle, délassement garanti.

Le sixième jour sera notre premier jour véritable de trek. Les écoliers du village nous montrent le chemin qui va nous faire prendre de l'altitude le long d'une gorge truffée de mines aurifères. Elles laisseront la place à de petites fermes entourées de champs de pommes de terre, avant les pâturages d'altitudes. Nous y serons accueillis par des bovidés parfois inquiétants dans les nuages bas qui nous attendent au bivouac. Ce brouillard va être notre lot pour la plus grande partie du deuxième jour de marche, nous cachant les paysages mais nous laissant profiter d'un atmosphère particulière où nous croiserons nombre fantômes de lamas. Au troisième jour de trek, c'est le soleil qui nous réveille. il nous réchauffera dans le dédale de pics rocheux qui nous amène doucement vers les alpagas de la haute vallée du Chimboya. Le long de ce rio il nous faudra deux jours de marche pour passer le col du Chimboya au pied du sommet du même nom. La descente nous fait entrer dans un paysage de vallée glaciaire entourée de sommets enneigés au fond de laquelle les méandres des ruisseaux s'enroulent dans des tourbières. Nous arrivons à notre premier bivouac au-dessus de 4800m dans la quebrada Cero au milieu d'un troupeau d'alpagas. Le sixième jour de marche nous fait passer de troupeaux d'alpagas en troupeaux d'alpagas jusqu'à des cols fréquentés de quelques vigognes au milieu d'un dégradé de roses, rouges et oranges. Au-delà c'est la pampa qui mène à la laguna Ccasccana, abordée sous des giboulées de neiges qui noient le paysage dans une lumière jaune où naviguent foulques et flamants roses. Notre bivouac, ce soir là, sera le plus froid du trek.

Le seul col du septième jour de marche nous fait basculer sur la laguna Sibinacocha, une fois de plus nous changeons de décor. Un nouveau bivouac en altitude, 4900 m, nous attends dans un vallon au milieu de glaciers. Pas d'alpagas, ce matin, ils sont restés aux alentours de la laguna. Par contre les canards profitent du gel nocture pour faire du patin à glace. Nous les laissons à leur entraînement pour entamer une longue montée vers un premier col qui sert d'échauffement avant el paso del condor. Celui-ci nous permettra de découvrir l'Ausangate tout au long d'une longue journée de marche qui finit en apothéose sur un bivouac au pied du géant.

Pacchanta se profile à l'horizon d'une journée qui promet un bain en piscine d'eau chaude naturelle, suivie d'une pachamanca, mouton cuit dans la terre et la pierre avec des pommes de terre, mitonnée par nos muletiers. Pour y arriver nous slalomons entre cours d'eau, lacs, glaciers et sommets.

Le dernier jour de marche consiste en une matinée de descente sur Tinki par une piste en terre. Mais l'après-midi va nous engloutir dans une fête locale, celle del senor de Ccoyllor Ritty. Nous allons nous noyer avec délice dans les danses folkloriques admirant autant les danseurs, les rites que les couleurs de la vie locale.



La vallée sacrée des incas sera le terrain de jeu de notre dernière semaine au Pérou. Fini les pâturages pour alpagas et les glaciers, nous revenons, non sans mal, au contact de la masse des touristes. Cusco nous offre un mélange des cultures quechua, inca et espagnole; une ville agréable à vivre. Les vestiges incas qui l'entourent laissent incrédule sur la technique utilisée pour tailler et assembler de tels blocs de pierre. Ce sentiment va nous habiter au long des jours que ce soit à Pisac ou Ollantaytambo. La montagne est sculptée d'une multitude de terrasse dédiées aux cultures; aux salines de Maras elles servent à la récolte du sel.

Le mythique Machu Picchu nous attend au petit matin dans les nuages. Le premier bus de 05h30 nous amène dans une petite bruine à ces ruines que les touristes n'ont pas encore envahies. Mais quelles sont les ombres qui circulent dans cette cité, les derniers incas, les conquistadors qui tournent sans fin autour de cette montagne sans la trouver ? Le ciel nous fait la faveur d'une éclaircie pour profiter de la vue depuis le Wayna Picchu. Nous pourrons compléter les souvenirs que ce voyage vient d'imprimer dans nos mémoires.



Lima va nous ramener vers l'europe, des images, des rencontres plein la tête. Nous ne saurons pas pour autant ce que les alpagas auront pensé de ces étranges bipèdes qu'ils ont pu observer.

Des photos de ce voyage : ici




0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Sports pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 2 autres membres